Village Lamanère
Etymologie
Le nom de Lamanère est un dérivé de "la menera", qui signifie "la mine".
Histoire
Le village est cité pour la première fois en 990 dans un document qui indique qu'il faisait partie de la vicomté de Castelnou. C'est le village le plus méridional de France.
Lors de sa parution dans les premiers documents, Lamanère n'était pas un lieu indépendant. Il s'agissait d'un hameau de Serralongue, village sous la gouverne du seigneur de Cabrenc dont le château se trouvait sur un pic entre les deux villages. Il le restera jusqu'à la révolution française, moment où son éloignement pousse les habitants à en demander l'autonomie communale.
Serralongue était une seigneurie du vicomte de Castelnou, ce qui explique le lien entre les deux.
------------
Généralités
La Retirada, ça signifie "Retraite" en espagnol. Ce terme n'est pas assez dur pour désigner ce qu'ont endurer les personnes concernés par l'histoire qui va suivre...
Nous sommes en 1938, à la veille de la seconde guerre mondiale. En Espagne, le dictateur Franco obtient des pouvoirs accrus. Ses alliances avec Hitler constituent une menace pour la France, la population espagnole est inquiète pour ses libertés. Le début de l'année 1939 va tout provoquer.
En deux semaines seulement, 100 000 réfugiés vont passer le col d'Arès, à Prats de Mollo. Tous les points de passage sont concernés. Le col du Perthus, la route de Cerbère voient passer les foules.
Les évènements
C'est par le col d'Arès que les premiers réfugiés arrivent, le 27 janvier 1939, en France. Arrêté à Prats de Mollo, ils s'installeront comme ils pourront dans la ville. Le lendemain le mouvement s'accélère au point d'inquiéter les autorités. L'école primaire est réquisitionné mais il manque rapidement de la place pour les loger. Par crainte de débordement, les autorités envoient en nombre des gardes mobiles et des tirailleurs sénégalais. Dès le 29 des convois partent en direction du camp de triage du Boulou.
Le 31 janvier le ministre de l'intérieur se rend à Prats de Mollo pour assister à cet exode humanitaire. Pour accueillir ces réfugiés on construit quatre camps de concentration dans la vallée du Tech. Les abris sont construits en branches, feuilles, tout ce qui peut servir est récupéré. Les arbres environnants les camps sont abattus pour faire du bois de chauffage. Pour contrer le froid on en vient à brûler le matériel scolaire et les crosses des armes à feu. Il faut acheminer en urgence 30 tonnes de nourriture par jour pour faire survivre cette marée humaine.
Le 13 février la frontière est officiellement fermée, gardée par les soldats de Franco. 35000 réfugiés sont toujours internés dans les camps de Prats de Mollo, bien d'autres le sont dans les autres camps du département. La nouvelle vague de froid qui s'abat sur la vallée pousse les autorités locales à ouvrir tous les lieux publics, les églises, les écoles, et fait réquisitionner les granges, les appartements, les garages, etc.
Les camps seront définitivement fermés fin mars, mais cet hiver fut considéré comme un calvaire par ses espagnols fuyant Franco.
Dans le même temps Cerbère voit arriver une masse considérable d'espagnols. Franchissant la frontière, ils furent internés de la même manière dans des camps créés de toutes pièces sur la plage d'Argelès sur mer. Si le froid ne les a pas autant touché que leurs compatriotes laissés à Prats de Mollo, ils durent toutefois subir les affres des épidémies. 250 000 réfugiés passeront par ce camps d'Argelès durant l'hiver 1939. Rien qu'au mois de mars 1939, c'est pas moins de 77000 qui furent internés à Argelès. Un autre camp fut ouvert à St Cyprien, il accueillit 90000 personnes.
A St Laurent de Cerdans, autre lieu de passage, 70 000 réfugiés arrivent au village. 5000 ont pu être logé sur place, en particulier dans une fabrique de sandales transformées en dortoir.
Au total, en quinze jours seulement, c'est plus de 450 000 personnes qui arrivent dans le département. Afin de canaliser le flot de républicains, les autorités les firent donc passer de camps de concentration locaux (Prats, Argelès) dans des camps plus vastes, dans la plaine : le Camp Joffre, qui connaîtra les premières parties sombres de son histoire.
De nos jours...
De nos jours, soit plus de 60 ans après, une grande partie de ces familles sont toujours installées dans la région. Leurs enfants ont grandi et sont devenus français. Quel catalan n'a pas un ami nommé Sanchez, Garcia ou Lopez ?
Le Camp Joffre est en grande partie en ruine. D'ici peu, il sera transformé en lieu de souvenir. La plage d'Argelès sur mer possède un monument commémoratif dédié aux réfugiés espagnols.